Dans le cadre de La nuit des idées en partenariat avec la Fondation de France et l'Institut Français,
une soirée est organisée le jeudi 31 janvier 2019 dès 19h


Au cours de la soirée, vous pourrez déguster le buffet forain !



Intervention de Xavier Jeudon, Chercheur en Histoire du Cinéma
sur Un Monstre (de foire) en ville
Lorsque la fête foraine arrive en ville, la foule s’est toujours pressée devant les monstres de foire. Avec le 19e siècle et son industrialisation, mais aussi ses réflexions sur l’individu, la place du monstre est questionnée. La nouvelle différenciation notée par Canguilhem entre le monstrueux et la monstruosité, c’est à dire entre le juridique et le biologique laisse théoriquement une place aux êtes difformes dans la cité. Mais un monstre que l’on voit au quotidien ne fait plus recette. Le monstre pour exister en tant que tel doit rester insaisissable. La thématique du monstre caché, qui surgit ça et là dans l’ombre de la ville connaît donc le succès que l’on sait, d’Elephant Man au Jocker en passant par Le Loup Garou de Londres. Ses modes d’apparitions tiendront régulièrement de l’équilibre entre mouvement et fixation. Le dispositif forain du spectacle de monstres se retrouve dans l’idée du passage, dans la ruelle. Le spectateur passe, le monstre est là, entrevu un instant, effrayant. Que le spectateur s’y attarde, le monstre est humanisé, à moins que ce ne soit le spectateur qui découvre en lui-même un monstre bien plus terrible. Palais des glaces à grande échelle, la ville et ses reflets troublent le Moi-Peau, nous font douter de notre échelle, de nos proportions. Et si le monstre en ville c’était nous…


Intervention de Stany Cambot, architecte et réalisateur
sur le thème « Villes nomades, histoires clandestines de la modernité » à 21h
Une double injonction est aujourd'hui faite aux villes et aux individus : les premières doivent devenir métropoles et les seconds mobiles. Une mobilité de cadre métropolitain avec ses oripeaux (téléphones, ordinateurs, etc.) se déplaçant de "cité état" en "cité état" en avion ou train à grande vitesse. Les agents de la fabrique de la ville raccrochent alors le train, architectes en têtes, de peur de rater ce tournant comme ils ratèrent celui du développement pavillonnaire. On se pique désormais de mobile, de léger, de « logement une personne » ou de design de bidonville dans l'espoir qu'un marché émerge. Rien de subversif, mais l’aboutissement d'un programme économique et urbain qui se dessine dès le milieu du XIXe siècle dont le nouveau masque s'appelle métropole. Cependant et sans eux, depuis le nouveau millénaire, des tentes partout : des rassemblements militants ayant quitter la rue pour porter le coup là où, désormais, le pouvoir a Lieu, aux tristes révolutions oranges, en passant par les tentes contestataires ou nécessaires des sans-abris. Ainsi, au programme de métropolisation du monde, répond une mobilité par lui souhaitée. Des camions, des caravanes, des containers aussi, abris ou logement de la renaissance d'un prolétariat nomade disparu dans les années 20. Des cabanes reconstituant, aux abords des métropoles rêvées, les bidonvilles que l'on croyait disparus. La fabrique même de la métropole génère ainsi une toute autre mobilité. On le voit ici comme à Moscou avec ces brigades d'ouvriers (pour utiliser la dénomination russe) venant de l'autre bout du pays ou du continent que l'on trouve en hôtel low cost, en camping, en caravane ou camion au pied du chantier, en lisière de métropole, au bord de la tache verte de la carte. C'est là, que ces mobilités de constructeurs croisent les espaces d'une autre mobilité, celle de la fuite. Celle de ceux que le programme urbain expulse que l'on retrouvent en camping, camion, campement, containers ou celle de ceux qui fuient la métropole l'entendant comme la construction d'un espace de contrôle (travellers, certains voyageurs, habitants de yourtes ou de cabane).

Projections de films en camion-cinéma

"Foire Foris Forum et buffet de la gare" à 19h
Histoire des foires de Brionne, écrite avec les forains-mêmes.
Durée 11'30/ Brionne 2016


"Une loi pour fabriquer des pauvres" à 21h30
Eric a entamé une grève de la faim pour protester contre les nouvelles règles du contrôle technique des véhicules qui mettront son véhicule habitable hors la loi, et le mettront à la rue.
Durée 9'27/Granville 2018

Brichka

À 21h45 : Présentation du projet « Brichka, habiter la route » : depuis mai 2018, le nouveau contrôle technique est entré en vigueur, mettant les travailleurs mobiles habitant en camion dans une situation de précarité.
Lire le dossier de presse ici

Cette soirée fait partie du Doctorat Sauvage En Architecture (voir le programme ici).